La tradition a la vie dure et elle a du mal à changer. La
société s’agrippe à ce qu’elle appelle sa tradition. Elle ne se rend pas compte
qu’elle a été mise en place pour résoudre certains problèmes qui s’étaient
posés. La tradition a été efficiente sur le moment mais avec le temps elle
s’est sclérosée au point de devenir un obstacle pour résoudre les nouveaux
problèmes.
Aujourd’hui, la crise du nouveau corona virus 19 révèle
les insuffisances des traditions, notamment des sociétés de types
traditionnels. La tradition, malgré le bien qu’elle a fait dans le passé se
trouve être aujourd’hui un frein dans la lutte que la même société veut
entreprendre pour sa survie.
Au Tchad, à l’instar des autres pays du monde, des
mesures ont été prises pour contrer la pandémie. Ainsi, il a été décidé de
respecter les gestes barrières avec, pour point d’orgue la distanciation
sociale. Il est donc conseillé d’éviter tous les grands rassemblements de
groupes pour éviter une diffusion exponentielle de la maladie au cas où des cas
de personnes testées positives se révéleraient.
Pour contourner toute mesure, on peut utiliser soit la
rationalisation, soit l’ironie. Les tchadiens utilisent tout cela. Certains
racontent que covit-19 ne tue pas au Tchad, d’autres disent qu’il n’y a pas de
cas avérés dans le pays. Et les comportements qui en découlent le montrent
bien.
Certaines personnes portent des masques simplement pour
le folklore mais ont par ailleurs des comportements à risque en se donnant la
main pour se saluer et en ne respectant pas la distance sécuritaire dans le
commerce quotidien.
L’argument de massue utilisé est que le Tchad est un pays
où on vit la convivialité depuis les temps des ancêtres et ce n’est pas
aujourd’hui qu’il faut changer les choses.
Si les bars et d’autres débits de boissons sont
officiellement fermés, les gens savent comment contourner l’interdiction en se
retrouvant dans des cours fermées pour boire ensemble. D’ailleurs de nouvelles
expressions ont vu le jour. On dit « chercher le réseau » pour
exprimer l’idée de chercher un débit de boissons. On cherche soit le
« réseau Airtel » (pour la bili-bili), soit le « réseau
Tigo » (pour le Djala). Les amateurs de boissons fortes, quant à eux,
cherchent le « réseau farda » pour argué, l’alcool indigène distillé
dans des coins à peine cachés.
Pour ne pas changer les habitudes et pour respecter la
fameuse tradition, on continue à se rassembler pour les deuils et pour les
obsèques et à se visiter comme si de rien n’était.
Jusque-là, par la chance qui poursuit les gens
inconscients, il n’y a pas de contaminations à grande échelle mais le danger
est là, comme l’épée de Damoclès.
Il faut arriver à un changement de comportements, n’en
déplaise les traditions séculaires. Il faut comprendre qu’on aime mieux les
parents et amis en restant chez soi et en évitant tout rassemblement. On peut
être, sans le savoir, un porteur de la mort. La nouvelle sagesse traditionnelle
se trouve dans la distance. Tout visiteur est un criminel en puissance ;
il faut se mettre cela dans la tête.
Protégeons-nous les uns les autres en prenant au sérieux
les différentes mesures qui nous sont données. Nous vivons les soubresauts d’un
vieux monde qui est en train de passer. Notre monde en transition nous conduira
certainement où nous ne nous attendions pas. L’après covit-19 nous réserve bien
de surprises. Tâchons d’être à mesure de l’accueillir et de ne pas être les
gardiens du monde révolu.
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