vendredi 10 janvier 2020

TCHAD: Oser l'écologie (par Pascal Djimoguinan)


Il est des moments où le discours, si consolant soit-il, doive laisser la place à l’agir. L’agir vient éprouver le discours pour en tirer ce qu’il y a d’authentique. Beaucoup de choses ont été dites sur l’écologie au Tchad. Il s’agit maintenant de voir comment mettre en œuvre tout ce discours qui jusque-là ne se satisfaisait que de son ergotage et de son autosatisfaction.
            Il s’agit, dans un premier temps de faire un bilan de ce qui se fait déjà, avant d’entreprendre quelques actions même si elles seront limitées dans le temps et dans l’espace. Il nous faut prendre au sérieux la remarque de Jacques Chirac dans son discours devant l’assemblée plénière du IVème Sommet de la Terre le 2 septembre 2002 à Johannesburg en Afrique du Sud : « Notre maison brûle et nous regardons ailleurs. »
            Il nous faut maintenant arrêter de faire semblant de regarder ailleurs. Les efffets du réchauffement climatique se font de plus en plus sentir. Que faisons-nous de notre maison commune ?
            Au Tchad, il y a quelques dates à retenir car il y a déjà quelque chose qui se fait et qui pourrait servir de tremplin pour aller plus loin.
- 1972, semaine de l’arbre instituée par le gouvernement du Tchad ; Avec un certain engouement, des milliers d’arbustes sont plantées avec la fameuse formule « Celui qui n’a pas planté un arbre avant de mourir a vécu inutilement. »
- 2009, Interdiction de l’utilisation du charbon et du bois vert pour lutter contre la déforestation. Cette mesure, bien qu’impopulaire chez les ménagères habituées à utiliser le bois de chauffage et le charbon, a pour but de lutter contre la déforestation sauvage du pays. Il faudrait encourager l’usage du butane en évitant les ruptures de stock.
- Avril 2010, Marie-Thérèse Mbailemdana, alors maire de N’Djamena, a interdit l’utilisation des sacs de plastique communément appelés « léda ». Ces sacs qui, à l’origine, semblaient être une trouvaille ingénieuse pour faire les courses a très rapidement montré ses mauvais côtés. On retrouvait ces sacs partout, sur les routes, accrochés aux arbres, emportés par le vent. Les sacs de plastiques étaient devenus un vrai cauchemar pour les habitants de N’Djamena.
            Pour ne pas multiplier les actions, il suffit de se demander comment optimiser celles qui ont déjà été entreprises.
            - La semaine nationale de l’arbre continue chaque année. On mobilise la population pour planter les arbres mais dès que la semaine de l’arbre est passée, les arbustes meurent faute de soins. Il s’agit maintenant de se demander comment entretenir les arbres plantés pendant la semaine de l’arbre. Tout doit commencer par une conscience citoyenne. Chacun doit se demander ce qu’il doit faire et s’y engager pour sauver les arbres plantés. Si chaque personne s’engage à ne s’occuper que d’un arbuste pendant l’année qui suit sa plantation, un pas aura été fait.
            - L’effort pour ne pas utiliser le charbon et le bois vert est sans doute le plus difficile. Il y a des solutions alternatives qui consistent à trouver à côté du gaz butane trop cher pour certaines bourses. Chaque municipalité devrait étudier le problème pour aider la population à se passer du charbon et du bois vert. Entre autres solutions, il y a l’usage des fruits du palmier doum pour faire la cuisine.
            - Enfin, pour les sacs en plastique, il est étonnant de voir pourquoi les autres villes n’ont pas suivi N’Djamena dans l’interdiction de leur usage. Tout le travail reste encore à faire dans les provinces. A N’Djamena, c’est un vrai succès. Il est difficile d’y voir les sacs de plastique. Nous attendons que les maires des autres villes interdisent l’importation et l’utilisation des sacs de plastique.
            Ce qui a été fait jusque-là ressemble à une goutte d’eau mais n’est-ce pas ces gouttes qui font les rivières ? Aucune action, si petite soit-elle n’est inutile quand il s’agit de lutter contre le réchauffement climatique. Chacun doit s’y engager et s’ingénier à trouver un moyen pour devenir un « acteur écologique ». Voilà l’appel de notre temps. Soyons des « acteurs écologiques ».


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