La construction d’une nation n’est pas chose aisée. Si
tout le peuple est d’accord sur le concept, la réalité ne va pas sans son lot
de frustrations et d’humiliation et quelquefois… de gratifications. Il suffit,
pour s’en rendre compte, de relater un simple fait de la vie quotidienne au
Tchad, un fait banal mais plein de sens.
La ville de Sarh, au sud du Tchad, bien qu’elle soit
cosmopolite est d’abord une ville où l’on parle majoritairement le Sar. Cette
précision aidera à mieux comprendre l’anecdote dont il sera question par la
suite.
Un jour, j’accompagne un voyageur dans une agence de
transport de la place (STTL pour ne pas la nommer.) Je m’approche du garçon qui
range les bagages et j’entame une conversation avec lui en Français :
- Bonjour, à quelle heure
part le bus ?
- Inti man ti kalim kalam arabe walla ? (Toi
tu ne parles pas arabe?) me demande t’il.
- Je te demande à quelle le
bus va partir ?
- Man ti kalim kalam arabe, inti man tchadien ? (tu
ne parles pas arabe, tu n’es pas tchadien?)
- m-djijēí ké bus dá a āw̄ kə
heure rí wa ? (Je te demande à quelle heure part le bus ?) lui
demandé-je en Sar.
Le garçon me regarde sans rien comprendre. Il a l’air
gêné. Son ami me répond :
- Hou man yarfa kalam Sara (Il
ne comprend pas le Sar)
M’adressant alors à celui
qui vient de me parler, je lui demande de dire à l’autre :
- Demande-lui s’il n’est pas
tchadien puisqu’il ne parle pas Sar ?
Un fait divers bien banal qui montre que chacun des
tchadiens doit faire un effort pour la construction de la nation tchadienne. Il
ne faut pas un Tchad à deux vitesses !
Ainsi va le Tchad !