Nous connaissons tous le vieil adage séculaire « Malheur aux vaincus », attribué à Brennus, chef Gaulois, lors de la prise de Rome en 390 avant notre ère. Ces mots traduisent l’atrocité et l’esprit de vengeance inhérente à toute guerre, surtout dans des sociétés non policées.
De
la crainte qu’engendre une victoire, crainte que le vaincu d’aujourd’hui ne
fourbisse ses armes pour vaincre demain, est née une barbarie dont l’objectif
est de briser dans l’œuf tout idée de révolte ou de reconquête.
La
barbarie s’exprime alors par la peur et l’humiliation.
Il s’agit donc d’abord de faire peur à l’ennemi
en faisant étalage de son arsenal et en brisant dans la force ce qui ressemble
de près ou de loin à une expression de l’identité du vaincu :
arrestations, assassinats etc.
Ensuite,
il faut humilier le vaincu de telle sorte qu’il perde complètement sa dignité et
n’ose plus relever la tête. ; on arrache donc les femmes des vaincus, on
viole celles qui ont osé parler, châtiments corporels et moraux publics.
Voilà
ce qui risque d’arriver au Tchad si la loi n’est pas respectée. Après les
élections présidentielles qui viennent d’avoir lieu, dans le camp des vainqueurs,
il y a trop d’esprits revanchards qui ne cherchent qu’en découdre avec les
opposants, principalement les Transformateurs.
Il
y a déjà des signes avant-coureurs de la mise en pratique de l’adage « malheur
aux vaincus ». Il y a d’abord eu la démonstration de force à la suite de l’annonce
des résultats provisoires (tirs, arrestations, intimidations…) Des tentations d’humiliation
ont déjà commencé à l’égard des Transformateurs et cela risque d’aller,
crescendo, jusqu’à l’horreur totale. Les femmes surtout doivent être prudentes
ces jours-ci. Les hommes également vont connaître les pires humiliations, si
leur vie n’est pas mise en danger.
Il
est encore temps d’arrêter le processus diabolique qui se met en place et le
gouvernement se trouve face à ses responsabilités.
Il
faut se rappeler que nous sommes dans une république et ce qu’on appelle la
Vème République ne saurait déroger à ses devoirs : le respect et la
protection des citoyens, de tout citoyen.
Au
Tchad, une lecture uniquement régionale qui sépare le pays en Nord et Sud est obsolète.
La fracture est de plus en plus générationnelle et il faudra en tenir compte
dans les analyses politiques et dans les projets de sociétés. Quitter la
logique de la violence est, en fin de compte, bénéfique pour tous.