L'affrontement entre les factions militaires au Soudan a de graves conséquences humanitaires pour les Etats voisins comme le Tchad et la République Centrafricaine, pays qui ont accueilli jusqu'à présent respectivement 100.000 et 10.000 réfugiés soudanais.
"Je voudrais saluer l'extraordinaire
générosité et la solidarité dont ont fait preuve les deux pays", a déclaré
Abdou Abarry, représentant spécial du secrétaire général des Nations unies et
chef du bureau régional des Nations Unies pour l'Afrique centrale, qui estime
que le Tchad a besoin d'environ 130 millions de dollars pour accueillir les 100
000 réfugiés soudanais au cours des six prochains mois. Laura Lo Castro,
représentante du UNHCR au Tchad, estime que "jusqu'à 200 000 personnes
supplémentaires" pourraient être contraintes de "fuir vers le Tchad
au cours des trois prochains mois".
Lors d'une récente visite dans les zones
frontalières avec le Soudan, le ministre tchadien de l'Administration du
territoire, Limane Mahamat, a rencontré les gouverneurs des trois provinces,
celles du Ouaddaï, du Sila et du Wadi-Fira, qui accueillent des réfugiés
soudanais.
Les trois gouverneurs ont recommandé la
relocalisation rapide des réfugiés des régions frontalières, un soutien accru
aux communautés locales et le renforcement des infrastructures de santé et
d'éducation de base.
Malgré ses richesses pétrolières, le Tchad est
l'un des pays les plus pauvres du monde. Le Tchad et le Soudan partagent une
frontière commune de 1 400 kilomètres. Ils partagent également les mêmes
groupes ethniques qui vivent de part et d'autre de leurs frontières. Dans un
passé récent, les relations entre le Tchad et le Soudan ont été caractérisées
par des conflits, des guerres par procuration et des accords de paix fragiles.
La région soudanaise du Darfour joue un rôle
crucial. À différentes époques, le Darfour a servi de refuge à des groupes
rebelles des deux pays. Mohammed Hamdan Daglo (ou Dagalo), connu sous le nom de
"Hemetti", chef des Forces de soutien rapide (FSR), qui se battent
avec l'armée régulière soudanaise, est bien connecté aux factions politiques et
militaires tchadiennes. Il est d'origine arabe tchadienne et a son fief dans la
région du Darfour. Son clan familial vit des deux côtés de la frontière.
Le cousin de Hemetti, le général Bichara Issa
Djadalla, est le chef d'état-major personnel de Mahamat Déby. La victoire ou la
défaite de "Hemetti" au Soudan pourrait représenter un risque majeur
pour le président de transition Déby au Tchad. En cas de victoire, les Arabes
tchadiens pourraient se sentir encouragés à essayer de prendre le pouvoir au
Tchad également. (LM) (Agence Fides 10/6/2023)