Il m’a été donné d’apprendre pendant le week-end un proverbe ngambaye qui en dit long sur la manière dont certains voudraient mener les affaires dans les plus hautes sphères de l’Etat. Notre réflexion portera sur les inférences possibles que l’on peut faire de ce proverbe : Bula ojə mbə́ : Le grand nombre produit l’idiot.
Une première leçon à tirer est que ce n’est pas parce
qu’on est les plus nombreux à partager une idée qu’elle est juste et vraie.
Si le grand nombre menait à la vérité, les moutons
auraient toujours raison.
Le fait d’être dans une majorité quelconque n’interdit
pas la réflexion. Or, il se trouve que sous nos yeux, il suffit qu’une personne
soit dans une soi-disant majorité pour qu’elle démissionne de toute réflexion
et se livre bras et pieds liés à la pensée d’autres.
Elles sont nombreuses, les personnes qui laissent leur
cerveau se scléroser et se laissent uniquement guider par les traditions, les
pensées sur mesure, les gourous.
Il est si difficile de penser par soi-même. C’est une
entreprise tellement risquée que beaucoup ne s’y engagent pas. Pourquoi
réfléchir si d’autres peuvent le faire à notre place. En fait c’est une
attitude quasi suicidaire que de ne pas faire usage de sa faculté de penser.
Celui qui refuse de penser par soi-même ne doit pas
s’étonner lorsque les conséquences de sa démission commencent à tomber sur lui.
Etre formateur, c’est enseigner aux autres de ne pas
dépendre de nous mais à être capables de prendre des initiatives, à oser
interroger l’avenir et à être vraiment libre. Il faut avoir le courage de ne
jamais se présenter en gourou. Pour cela, il faut commencer par ne pas avoir un
égo surdimensionné.
Il est plus facile d’élever des moutons que de former des
humains. A chacun de s’engager sur ce chemin de la formation humaine.
La foule a souvent l’esprit grégaire, c’est pourquoi il
faut toujours être capable d’autonomie, même quand on fait partie d’un groupe,
même quand on est dans la majorité.
Soyons humain. Bula ojə mbə́.