samedi 2 juillet 2016

La route, paradigme de l’incivisme au Tchad (par Pascal Djimoguinan)

            Dis-moi comment tu roules sur la route et je te dirai qui tu es. La route pourrait être le révélateur de ce qu’est un pays. Or au Tchad, chaque personne qui se hasarde à sortir de chez elle doit suivre un vrai parcours du paysan en affrontant la cohorte des motocyclistes (localement appelés les « clandos » ou « clandoman ») d’un côté et des véhicules à quatre roues de l’autre. Les piétons ne sont pas de reste dans ce feuilleton digne du film « Mad max ».
            Le point de départ est un adage bien tchadien qui fausse tout dès le point de départ. « Quand il y a un accident, c’est l’engin le plus puissant qui doit payer. » Cet adage est le déni de toute loi objective sur la route et il est bien étonnant que les forces de l’ordre chargées de la sécurité routière s’y tiennent. C’est la « loi de l’anarchie totale » car elle vient avaliser le non-respect du code de la route.
            Il suffit de se promener sur la route pour prendre conscience de l’état du civisme des usagers de la route.
            - Les motocyclistes sont les maîtres absolus de la route. Ils n’ont d’autres lois que celles qu’ils imposent. Ils roulent en plein milieu de la chaussée et n’hésitent pas à slalomer entre les voitures pour aller plus vite. Elles s’arrêtent brusquement, sans donner l’alerte, pourvu qu’ils puissent prendre le client qui leur fait signe de s’arrêter. Beaucoup n’hésitent pas à aller à contrevoie sur les routes à double voie pour avoir un raccourci. La joie des motocyclistes est de toujours doubler les voitures et ne pas être dépassés par elles. Ils ne se passent de jour où les motos entre en collusion entre elles-mêmes, causant sinon la mort, du moins de graves blessures chez leurs clients
            - Les voitures dont les taxis, roulent de manière anarchique sur la route. Les taxis peuvent s’arrêter à n’importe quel moment pour prendre les clients. Il n’est pas sûr que tous les chauffeurs des véhicules privés aient leur permis de conduire. La preuve en est que beaucoup ignorent les panneaux de signalisation routière (dans les endroits où ils existent).
            - Les camions sont des tombeaux ambulants. La plupart n’ont pas de freins. Les bennes particulièrement, participent à leur manière au défi de la surpopulation dans les villes. Il est aussi étonnant de voir comment ils sont chargés. Cela inquiéterait les usines qui les ont fabriqués car toutes les consignes de sécurité ne sont pas respectées. Seul compte pour les propriétaires de ces camions l’appât du gain. Il suffirait que les municipalités décrètent une journée pour les victimes des bennes au Tchad pour se rendre compte de l’ampleur du dégât. Malheureusement cela n’intéresse pas les autorités.
            - Les différents cars qui desservent les différentes villes du Tchad qui appartiennent aux agences de voyages dont les noms tiennent beaucoup plus d’un club-Med, se croient toujours sur un circuit de formule 1. Il est étonnant qu’avec un nombre aussi important de gros cars circulant dans le pays, il n’y ait pas d’unité mobile de police routière pour surveiller (même s’il est vrai qu’au Tchad, les autorités attendent toujours qu’il y ait un drame avant de réagir).
            - Les piétons ne respectent plus les voies réservées aux engins. Ils circulent en plein milieu de la chaussée et ne veulent pas céder le passage. Les chauffeurs et les motocyclistes doivent eux-mêmes se frayer un passage en évitant de renverser les passants.

            Il faut alors se demander si le code de la route est encore en vigueur au Tchad et si tel est le cas, pourquoi la police ne la fait pas respecter ? Sans doute parce qu’on trouve cela normal. A tous les niveaux, on pense au Tchad que la loi est faite pour être contournée, ignorée. Comment, dans ce cas, construire un état de droit. C’est dans les choses simples que commence l’esprit citoyen. Prend-on conscience que celui qui brûle un feu rouge brûlera le pays ?


vendredi 1 juillet 2016

LU POUR VOUS/RD CONGO - Retour à la maison du Père du Père Apollinaire Malumalu, organisateur des premières élections libres en RDC

« Il s’agit d’une nouvelle bouleversante, qui nous trouble fortement. La disparition du Père Malumalu est l’une des plus grandes épreuves que la République démocratique du Congo doit surmonter. Il s’agit d’une catastrophe, d’un vide et d’une grave perte pour la Nation tout entière ». Tels sont les termes employés par le Centre d’Etudes pour la promotion de la paix, de la démocratie et des droits fondamentaux pour qualifier, dans un communiqué envoyé à l’Agence Fides, la mort du Père Apollinaire Malumalu, prêtre catholique qui avait organisé les premières élections libres de la République démocratique du Congo, en 2006.
Le Père Malumalu était en effet Président de la Commission électorale indépendante remplacée, au cours des élections contestées de 2011, par la Commission électorale nationale indépendante, dirigée par ce même prêtre. En 2013, les Evêques avaient cependant pris des sanctions canoniques à son égard lorsque ce dernier avait été nouvellement choisi pour présider la CENI (voir Fides 02/07/2015). Par la suite, le prêtre avait été contraint à quitter ce poste pour raisons de santé (voir Fides 12/10/2015).
Le Père Malumalu est retourné à la maison du Père dans la nuit du 30 juin au 1er juillet à Dallas, où il avait été hospitalisé pour un cancer. L’annonce de sa mort a été donnée par S.Exc. Mgr Melchisédech Sikuli Paluku, Evêque de Butembo-Beni, Diocèse d’origine du prêtre décédé. (L.M.) (Agence Fides 01/07/2016)