vendredi 6 décembre 2024

TCHAD : L'imbroglio d'un pays atypique.(par Pascal Djimoguinan)

 Au Tchad, la tentation est grande. Faire comme les Etats de l’AES et chasser l’armée française au nom de la souveraineté, au nom d’une certaine souveraineté. Ce qui semble clair sur le papier ne l’est pas en réalité. N’est-on pas en train de mettre la charrue devant les bœufs et de jeter le bébé avec l’eau du bain ?

Pour le président Mahamat Kaka, le départ des troupes françaises du Tchad semble un coup de poker politique qui semble le libérer de l’aliénation d’une tutelle qu’il porte à fleur de peau et dont les fils blancs dont il est cousu sont trop apparents.

            Le gouvernement s’appuie sur le climat anti-français ambiant, pour dénoncer l’accord de coopération militaire avec la France. Bien que cela relève de la pure démagogie, le gouvernement joue à l’innocent trahi dans sa bonne foi…

S’expliquant sur l’arrêté du 29 novembre 2024 mettant fin à la coopération militaire avec la France, le ministre des affaires étrangères du Tchad a estimé que cette décision était le résultat d’une analyse approfondie, visant à renforcer la souveraineté nationale et à garantir la sécurité des citoyens.

De fil en aiguille, une commission spéciale a été mise en place pour résilier les accords militaires avec Paris, et des manifestations voient le jour dans différentes villes pour soutenir la décision.

Parfois, c’est dans l’hilarité générale qu’il faut jouer aux Cassandres.

On fait rapidement la comparaison avec les pays de l’AES en oubliant le vieil adage français qui dit que « Comparaison n’est pas raison ». Cet adage attribué à Raymond Queneau a bien sa place ici, vue que le Tchad ne ressemble pas à ces pays. Il est bien atypique. En effet, placé aux confins du Soudan et de la Lybie, le Tchad a toujours fait l’objet de la convoitise de ces pays. Mal aimée, la France a toujours été le mal nécessaire qui a servi à l’équilibre du Tchad face aux intérêts divergents venant de ces pays, plutôt orientés vers l’Orient arabe avec des risques d’intégrisme religieux. Il faut dire qu’avec le départ de la France, le Tchad se retrouvera seul face à ces pays, qui, en plus, sont en guerre.

Il y a donc à parier que les conflits de la Lybie et du Soudan vont s’étendre au Tchad, qui, plus est, joue mal au pompier pyromane.

Le Tchad se retrouve ainsi dans la fournaise ardente avec l’affaire Yaya Dillo mal réglée, la guerre du Soudan qui génère des réfugiés et dans laquelle malgré se dénégations, il prend part,

Aux frontières méridionales du Tchad, les russes sont aux aguets, sachant que la nature a horreur du vide. Face aux appels d’air provoqués par l’instabilité générée par la Lybie et le Soudan, le Tchad se tournera vers les russes, mais la situation ne sera pas pour autant maitrisée.

Il va sans dire que nous allons tout droit vers des lendemains dont personne ne peut se porter garant. Le Régime lui-même pourra-t-il s’en sortir ? Rien n’est moins sûr. Il ne reste donc qu’à croiser les doigts en espérant que le Tchad ne retournera pas à l’ère des tendances politico-militaires


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire