jeudi 12 juin 2025

TCHAD : Conflit agriculteurs-éleveurs, victoire à la Pyrrhus ? (par Pascal Djimoguinan)

 Avez-vous entendu parler du principe du moindre mal ? On l’emploi en philosophie et en politique. Ce principe suggère que, devant une situation où plusieurs solutions sont mauvaises, la meilleure action consiste à choisir celle qui cause le moins de dommage et de souffrance.

Le Tchad est un pays immense qui a une étendue de 1.284.000km². Il faut en convenir, la grande moitié est couvert de désert, mais n’empêche que l’autre partie est fertile. Cela fait qu’il y a, dans le pays de vastes étendues où l’herbe pousse et qui pourrait servir de pâturage.

Or il se trouve qu’il y a un grand mal à faire vivre ensemble les agriculteurs et les éleveurs. Chacune de ces deux communautés estime avoir la préséance sur l’autre et la terre ne devrait être que pour son usage exclusif.

Jusqu’à maintenant, le conflit perdure tout simplement parce que tous se sont faits prendre dans le cercle vicieux du « qui a tort, qui a raison. »

Nous nous trouvons dans une contradiction dont nous ne pouvons sortir que par une autre contradiction.

La contradiction de la cohabitation pacifique doit être dépassée par la contradiction du de la cohabitation séparée.

Qu’est-ce à dire ? Cela signifie qu’il ne faut pas forcer la vie sur un même terroir. Le problème qui se pose n’est ni un problème de religion, ni un problème de la différence Sud-Nord. La preuve est que ce problème de la cohabitation entre agriculteurs et éleveurs se pose aussi bien à l’Est qu’à l’Ouest, Au Centre qu’au Sud. Ce problème n’est pas propre qu’au Tchad car on le retrouve un peu partout en Afrique. On pourrait aussi, en utilisant des pincettes, le faire remonter à Caïn et à Abel.

La contradiction consisterait à faire des éleveurs nomades des sédentaires, ce qu’ils ont commencé en installant leurs ferricks non loin des villages déjà habités. La solution serait de se trouver des terres fertiles dans des régions non habitées par d’autres agriculteurs. Eleveurs et agriculteurs ne sont pas obligés de vivre ensemble.

Les éleveurs ne sont pas obligés de continuer de vivre comme si le monde n’avait pas changé. Vivant sur un territoire autonome, ils pourraient transformer leurs ferricks en ranchs. Ne vivant plus de la transhumance, les éleveurs peuvent alors pratiquer les cultures fourragères.

Pour arriver à cette nouvelle forme de vie, il faut un courage politique. L’administration devrait être capable d’aider à cette transformation qui sera profitable à toute la nation, car non cela éviterait les conflits, mais créera une autre forme d’industrie utile.



mardi 10 juin 2025

TCHAD : Masra Succès ou le thermomètre brûlant (par Pascal Djimoguinan)

 Le Tchad ne cesse de servir à la communauté internationale ces imbroglios dont il a le secret. Depuis quelques semaines, un ancien premier ministre git dans les geôles de la République suite à des allégations d’incitation à la haine.

Les faits incriminés remontent au 14 mai 2025. Ce jour-là, 42 personnes, en majorité des femmes et des enfants, ont été tuées à Mandakao, village situé à 18 km de Beinamar, dans le Logone-Occidental. Suite à ces événements, monsieur Masra Succès a été arrêté le 16 mai 2025, accusé d’incitation à la haine et complicité d’assassinat volontaire et profanation de sépultures. La preuve repose sur un audio enregistré en 2023, deux ans avant ces événements. Il sera par la suite placé en détention préventive dans la maison d’arrêt de Klessoum après avoir été présenté à la justice le 21 mai 2025.

Ces accusations semblent sauter à pieds joints sur l’accord de Kinshasa (ou accord Toumai) signés le 31 octobre 2023 sous l’égide du facilitateur Félix Tshisekedi, président de la RDC.

En parlant de cet accord de principe, Masra Succès l’avait résumé en trois point : cet accord permet de rentrer, d’exercer librement les activité politique et enfin d’avancer sur le chemin de tout ce qui permettra l’amnistie.

Ignorant tout de l’accord et en lisant entre les lignes, nous pouvons inférer qu’il donne droit à l’amnistie. Si tel est le cas, tous les actes posés avant cette amnistie découlant de l’accord de principe du 31 octobre sont couverts. Or il se trouve que les audios incriminés sont de 2023.

Le véritable problème qui n’a pas été abordé est la résurgence de cet audio en 2025. Qui a fait ressortir cet audio et quand ?

Normalement c’est celui qui a fait ressortir cet audio couvert par l’accord de Kinshasa et qui l’utilise à des fins subversives qui doit être poursuivi. Le coupable n’est plus celui qui est désigné.

Il faudra donc que la justice fasse rapidement son travail, c’est-à-dire, libérer Masra Succès et poursuivre celui qui a fait ressortir l’audio.

L'affaire Masra est comme le thermomètre qui montre la chaleur consécutive à la fièvre. On ne soigne pas la fièvre en cassant le thermomètre, mais en s'attaquant aux vraies causes.