samedi 8 novembre 2025

TCHAD : Existe-il un N’Djamena historique ? (par Pascal Djimoguinan)

 Partout dans le monde, lorsqu’un visiteur arrive dans une ville, les habitants prennent un vif intérêt à lui faire découvrir la partie historique, où dans les différentes stratifications du terrain, la diversité des monuments et des constructions, on découvre les différentes étapes de la formation de la ville. Qu’en est-il de la ville de N’Djamena ?

Dans la ville de N’Djamena, la pelleteuse est reine. Telle une fourmi ouvrière, elle passe partout, détruisant tout pour faire place… pour faire place à une nouvelle construction.

Elle est passée sur l’ancien camp de la garde nationale, sur le camp de la gendarmerie, le l’ancien camp Koufra (devenu camp du 13 avril, puis camp des martyrs) ; en vue de la modernisation, la pelleteuse a broyé l’ancien palais du gouvernement, l’ancienne maternité, l’ancienne douane et bien d’autres. Tout le quartier Gardolé y est passé

Que peut-ont retenir comme monuments ou bâtiments historiques à N’Djamena ? ils pourraient se compter sur les doigts des deux mains : L’ancien pont de Chagoua (et encore), le building de Moursal, le lycée Félix Eboué, le lycée technique commerciale, la RNT, La Fontaine de l’Union, l’ancien palais des congrès, l’ancien Palais des Congrès, Les Grands Moulins du Tchad, le Canal saint Martin, le monument Félix Eboué, l’hôpital de référence nationale la Mairie, la cathédrale Notre Dame de la Paix…

Comme devoir de mémoire, nous devons préserver les monuments qui sont encore debout. Construire une ville moderne ne signifie pas nécessairement détruire tout ce qui est ancien. Il convient de garder les reliques pour les générations à venir. Il faudrait répertorier tous les monuments et édifices qui rappellent N’Djamena historique et les protéger afin qu’ils ne soient plus vandalisés.



lundi 11 août 2025

TCHAD: Unité, travail, progrès, fêtons nos 65 ans (par Pascal Djimoguinan)

Peuple du Tchad, chers compatriotes,

Nous fêtons aujourd’hui les 65 ans d’indépendance de notre pays le Tchad : 11 août 1960, 11 août 2025. Dans la vie d’un homme, cela fait beaucoup, mais dans la vie d’une nation, ce n’est qu’un début. Cela signifie que tous les gestes que nous posons aujourd’hui, peuvent influer sur le destin de ce pays qui se construit. Nous avons donc le privilège d’être les bâtisseurs de notre pays ; cela signifie que le Tchad ne sera que ce que nous en faisons. C’est une grande responsabilité pour chacun et chacune de nous.

Cette fête peut aussi être pour nous l’occasion de nous arrêter un instant pour revoir le chemin parcouru. Cette relecture du passé, nous permet de nous appuyer sur le présent, pour nous pencher vers l’avenir que nous voulons construire ensemble.

Plusieurs pistes de relecture sont possibles. Nous préférons, quant à nous, prendre comme grille de lecture, la devise de notre pays : Unité, travail, progrès.

Tout d’abord « l’unité » : Les différents régimes qui se sont succédés au Tchad, ont fait de l’unité leur cheval de bataille. Longtemps, il a été question, dans les discours, de « réconciliation nationale ». Les différents dirigeants se sont rendus compte que rien ne pouvait se construire dans ce pays sans une réconciliation nationale, qui pouvait créer des conditions pour qu’il y ait l’unité. Nous devons changer le regard que nous posons les uns sur les autres, en fonction de la communauté à laquelle nous appartenons.

Si aujourd’hui, le mot ne revient pas comme tel dans les discours, on le retrouve sous le terme du « vivre ensemble, de cohabitation ». Cela est-il vécu dans les faits ou n’est-il qu’un leurre ? Nous contentons-nous simplement de discours incantatoires, sans réelle prise sur la réalité ? Les conflits récurrents entre nos différentes communautés avec les victimes qu’elles produisent viennent nous contredire quand nous affirmons que nous cherchons l’unité du pays. Cela signifie que l’unité pose un sérieux problème et qu’il y a un vrai effort à faire dans ce domaine.

Ensuite, nous avons le « travail » : Nous savons que le monde paysan travaille, avec le peu de moyens dont il dispose. Il faudrait améliorer les moyens de production agricole et moderniser le domaine de l’élevage. Nous ne pouvons pas continuer de fonctionner avec nos techniques archaïques sans tenir compte des changements qui surviennent dans le monde. Nous devons nous adapter car la terre n'est pas extensible à volonté. Cela suppose un sérieux travail de réflexion et de concertation avec les différents acteurs sur le terrain.

Il y a également l’épineux problème des diplômés sans emploi. Comment donner du travail à tous ? Il y a des bras vigoureux qui ne demandent qu’à travailler. Il faut des initiatives audacieuses, tant dans le domaine public que privé pour créer des emplois, pour favoriser les créations d’activités génératrices de revenus. La jeunesse se sent abandonnée. Il y a beaucoup à faire dans ce domaine.

Enfin, il y a « le progrès ». Nous voyons qu’en quelques décennies, les villes ont considérablement grandi un peu partout au Tchad, plus particulièrement la ville de N’Djamena. Cela suppose un grand effort pour mettre en place l’infrastructure nécessaire. Beaucoup de choses ont été faites, mais le problème essentiel au Tchad, c’est de l’eau courante et de l’électricité sans lesquelles il serait difficile de parler de progrès.

Autrefois, dans le pays, il n’y avait que 150 kilomètres de route bitumée, entre N’Djamena et Guelendeng. Aujourd’hui, il y en a plus. Cependant le problème de l’entretien de ces routes se pose. Tout en faisant le travail de maintenance, il faut continuer à bitumer davantage de routes pour désenclaver certaines régions, difficiles d’accès en saison sèche et pratiquement impossible à joindre pendant la saison des pluies.

En parlant de progrès, il ne faut jamais oublier de parler des hommes. Il n’y a pas de progrès quand la population ne mange pas à sa faim et ne dispose pas de soins primaires. Certes nos dispensaires qui sont devenus des centres de santé se sont multipliés partout dans le pays mais disposent-ils d’assez de médicaments pour soigner toute la population et dont le prix est à la portée de la bourse des plus pauvres ? L’Etat ne devrait jamais démissionner devant ce défi. Le progrès passe par-là.

Lorsque nous étions plus jeunes, il y avait une chanson qu’aimaient tous les écoliers et dont les paroles étaient :

Ô tchadiens, ô tchadiens, mes amis,

Nous avons assez dormi, le travail nous attend

Vivent les tchadiens, tchadiens !

Unité, unité, unité, travail progrès.

Les jeunes devraient encore aujourd’hui apprendre cette chanson.

La Radio nationale Tchadienne, (RNT) autrefois, était le ferment de l’unité et invitaient la population, dans les diverses langues à travailler ensemble, dans l’unité. Grâce à la RNT, j’ai appris à dire : « Tchadiens, Tchad karandine ».

Peuple du Tchad, chers compatriotes, bonne fête à tous et que Dieu sauve notre beau pays le Tchad.



vendredi 1 août 2025

Il est temps d'arriver à la paix des braves (par Pascal Djimoguinan)

 Peuple du Tchad, chers compatriotes,

Ce que nous pouvons désormais appeler « la saga Masra Succès » continue. Il n’est point besoin d’être un transformateur pour prendre la parole. Il suffit d’être un citoyen à la recherche de la vérité, de la justice et de l’éthique pour parler.

Le Vénérable écrivain Brahim Seid, dans « Au Tchad sous les étoiles », nous a régaler du conte « La justice du Lion ». Dès l’enfance, nous avons appris ainsi ce qu’il ne sied pas à un souverain de faire pour garder son autorité et l’estime de son peuple.

Nous avons suivi ces jours-ci, les différentes péripéties de l’affaire Masra Succès. Nous apprenons maintenant que le dossier est renvoyé devant la chambre criminelle.

Y a-t-il une seule personne qui croit réellement à la culpabilité de Masra Succès ? Les juges chargés de l’affaire sont-ils convaincus de la façon dont ils traitent cette affaire ? Que retiendra l’avenir de tout ce qui se trame ? N’oublions pas que ce que nous prenons comme un jeu de ping-pong, c’est l’avenir du Tchad que nous allons léguer à nos enfants. Que penseront-ils de nous ? Chacun de nous est responsable du demain que nous faisons.

Les grands souverains ont toujours été ceux qui ont été capables de s’élever au-dessus de la mêlée pour être magnanimes. Il ne faut pas chercher la paix des cimetières pour gouverner le Tchad. Il faut plutôt gouverner le Tchad dans le pluralisme pour pouvoir réaliser un pays plus grand et plus beau. Ce n’est pas pour rien que le défi d’une nation tchadienne passe par le travail d’unité de toutes les ethnies du pays. Ce serait une pauvreté si toutes ces ethnies disparaissait pour qu’il n’y en ait qu’une seule.

Il faudrait réintroduire l’éthique dans la politique au Tchad. Il n’y a pas de place pour la vengeance quand on tient les rênes de l’Etat.

Le Tchad ne gagne rien à trainer Masra Succès dans la boue. A cause des hautes fonctions qu’il a occupées, toute humiliation qu’on lui fait subir, c’est à l’Etat lui-même qu’on les fait subir. Le Tchad mérite mieux que cela.

Il est temps d’arriver à la paix des braves. Il faut remettre les compteurs à zéro pour l’intérêt supérieur de la Nation. Cette affaire a aspiré toutes les énergies qu’on devrait utiliser pour développer le pays. Revenons au jeu vraiment politique et que chacun retrouve sa place. Le temps est compté, peuple du Tchad, chers compatriotes , soyons raisonnables. Ce procès n’a pas sa place. Laissons la place à la politique, à l’éthique et que la séparation des pouvoirs puisse être respectée.

Que la vraie démocratie reprenne ses droits, et que Dieu sauve notre beau pays le Tchad.




mardi 29 juillet 2025

Peut-on parler de cohabitation au Tchad ? (Par Pascal Djimoguinan)

 Il est courant de parler de cohabitation au Tchad. Des réunions et des ateliers s'organisent en contre-courant de la réalité plus cruelle que vit une partie de la population. Pour être vrai, peut-on dire qu'il y a vraiment un effort en faveur de la cohabitation ?

Qu'entend-on en fait par cohabitation ? Il faut dire que dans ce mot, tout repose sur le préfixe "co". Qu'est-ce à dire ? Le préfixe "co" vient du latin "cum" qui signifie "avec". On utilise donc le préfixe "c" pour indiquer une relation de participation, d'association ou de simultanéité. L’idée générale est qu’on fait quelque chose ensemble.

Nous avons ainsi des mots comme colocataires, pour désigner des personnes qui vivent avec d’autres locataires ; il y a aussi colocataires, qui bien que ne se trouvant pas encore dans le dictionnaire, signifie les occupants d’une chambre, c’est-à-dire des personnes qui habitent ensemble dans une chambre. Il en est ainsi de coexister, coauteur, coopération, coéquipier, etc.

Ainsi la cohabitation qui nous intéresse ici, signifie habitation ensemble. Pour le cas du Tchad, lorsqu’on parle de cohabitation, il ne s’agit pas tout simplement d’individus, car le mot est sociologique, voire politique. Lorsqu’il s’agit des individus d’un même village, ou d’une même zone géographique, ce mot n’est pas utilisé au Tchad car il n’y a pas de problème.

La particularité du Tchad est que la cohabitation transcende les individus pour se focaliser sur les communautés, plus particulièrement les populations autochtones et celles qui viennent d’autres régions, notamment les éleveurs qui viennent dans les régions habitées par des agriculteurs, avec tous les problèmes inhérents à cette rencontre.

La solution viendrait d’une concertation initiée par les protagonistes, avec l’Etat qui serait garant de la paix, de la stabilité et de compromis auquel les différentes communautés seraient arrivées. Cela suppose un Etat impartial, capable d’inspirer la confiance, ce qui n’est pas toujours le cas.

Or, il se trouve qu’au Sud du Tchad, faute de concertation avec l’autre camp, toujours absente ou réticente aux efforts de dialogues et de réflexion, il n’y a que la partie des autochtones qui organise des réflexions, des séminaires et des concertations à ce sujet, ignorant que quand il n’y a qu’une communauté, il ne s’agit plus de cohabitation.

Ces différentes rencontres peuvent montrer la bonne volonté d’un groupe, mais cela ne suffit pas. Les différentes décisions ne se réduisent alors qu’en de simples incantations magiques dont l’Afrique a le secret, sans aucune prise sur la réalité.

Si la cohabitation implique le vivre ensemble, cela signifie que la concertation doit être entre les deux parties et que des décisions doivent être prises ensemble. Il faut apprendre à dialoguer malgré les difficultés qui se présentent. On ne peut parler de cohabitation lorsqu’on est seul. Il faut arrêter de poursuivre les chimères.

Ce qu’une communauté peut faire seule, ce n’est pas la cohabitation, mais la mise en place des stratégies pour éviter que les champs soient détruits par les animaux et pour éviter que des vies humaines soient ôtées à tour de bras. Il est très malheureux que l’Etat démissionne de son rôle de protéger les paysans sur leur sol. Le Tchad appartient à tous les tchadiens, mais il n’y a pas de Tchadiens de castes supérieures qui auraient tous les droits et d’autres qui seraient des parias, corvéables à merci.

Il faut repenser la cohabitation au Tchad à partir d’une nouvelle perspective qui respecte chacun dans ses droits et dans sa dignité.



jeudi 12 juin 2025

TCHAD : Conflit agriculteurs-éleveurs, victoire à la Pyrrhus ? (par Pascal Djimoguinan)

 Avez-vous entendu parler du principe du moindre mal ? On l’emploi en philosophie et en politique. Ce principe suggère que, devant une situation où plusieurs solutions sont mauvaises, la meilleure action consiste à choisir celle qui cause le moins de dommage et de souffrance.

Le Tchad est un pays immense qui a une étendue de 1.284.000km². Il faut en convenir, la grande moitié est couvert de désert, mais n’empêche que l’autre partie est fertile. Cela fait qu’il y a, dans le pays de vastes étendues où l’herbe pousse et qui pourrait servir de pâturage.

Or il se trouve qu’il y a un grand mal à faire vivre ensemble les agriculteurs et les éleveurs. Chacune de ces deux communautés estime avoir la préséance sur l’autre et la terre ne devrait être que pour son usage exclusif.

Jusqu’à maintenant, le conflit perdure tout simplement parce que tous se sont faits prendre dans le cercle vicieux du « qui a tort, qui a raison. »

Nous nous trouvons dans une contradiction dont nous ne pouvons sortir que par une autre contradiction.

La contradiction de la cohabitation pacifique doit être dépassée par la contradiction du de la cohabitation séparée.

Qu’est-ce à dire ? Cela signifie qu’il ne faut pas forcer la vie sur un même terroir. Le problème qui se pose n’est ni un problème de religion, ni un problème de la différence Sud-Nord. La preuve est que ce problème de la cohabitation entre agriculteurs et éleveurs se pose aussi bien à l’Est qu’à l’Ouest, Au Centre qu’au Sud. Ce problème n’est pas propre qu’au Tchad car on le retrouve un peu partout en Afrique. On pourrait aussi, en utilisant des pincettes, le faire remonter à Caïn et à Abel.

La contradiction consisterait à faire des éleveurs nomades des sédentaires, ce qu’ils ont commencé en installant leurs ferricks non loin des villages déjà habités. La solution serait de se trouver des terres fertiles dans des régions non habitées par d’autres agriculteurs. Eleveurs et agriculteurs ne sont pas obligés de vivre ensemble.

Les éleveurs ne sont pas obligés de continuer de vivre comme si le monde n’avait pas changé. Vivant sur un territoire autonome, ils pourraient transformer leurs ferricks en ranchs. Ne vivant plus de la transhumance, les éleveurs peuvent alors pratiquer les cultures fourragères.

Pour arriver à cette nouvelle forme de vie, il faut un courage politique. L’administration devrait être capable d’aider à cette transformation qui sera profitable à toute la nation, car non cela éviterait les conflits, mais créera une autre forme d’industrie utile.



mardi 10 juin 2025

TCHAD : Masra Succès ou le thermomètre brûlant (par Pascal Djimoguinan)

 Le Tchad ne cesse de servir à la communauté internationale ces imbroglios dont il a le secret. Depuis quelques semaines, un ancien premier ministre git dans les geôles de la République suite à des allégations d’incitation à la haine.

Les faits incriminés remontent au 14 mai 2025. Ce jour-là, 42 personnes, en majorité des femmes et des enfants, ont été tuées à Mandakao, village situé à 18 km de Beinamar, dans le Logone-Occidental. Suite à ces événements, monsieur Masra Succès a été arrêté le 16 mai 2025, accusé d’incitation à la haine et complicité d’assassinat volontaire et profanation de sépultures. La preuve repose sur un audio enregistré en 2023, deux ans avant ces événements. Il sera par la suite placé en détention préventive dans la maison d’arrêt de Klessoum après avoir été présenté à la justice le 21 mai 2025.

Ces accusations semblent sauter à pieds joints sur l’accord de Kinshasa (ou accord Toumai) signés le 31 octobre 2023 sous l’égide du facilitateur Félix Tshisekedi, président de la RDC.

En parlant de cet accord de principe, Masra Succès l’avait résumé en trois point : cet accord permet de rentrer, d’exercer librement les activité politique et enfin d’avancer sur le chemin de tout ce qui permettra l’amnistie.

Ignorant tout de l’accord et en lisant entre les lignes, nous pouvons inférer qu’il donne droit à l’amnistie. Si tel est le cas, tous les actes posés avant cette amnistie découlant de l’accord de principe du 31 octobre sont couverts. Or il se trouve que les audios incriminés sont de 2023.

Le véritable problème qui n’a pas été abordé est la résurgence de cet audio en 2025. Qui a fait ressortir cet audio et quand ?

Normalement c’est celui qui a fait ressortir cet audio couvert par l’accord de Kinshasa et qui l’utilise à des fins subversives qui doit être poursuivi. Le coupable n’est plus celui qui est désigné.

Il faudra donc que la justice fasse rapidement son travail, c’est-à-dire, libérer Masra Succès et poursuivre celui qui a fait ressortir l’audio.

L'affaire Masra est comme le thermomètre qui montre la chaleur consécutive à la fièvre. On ne soigne pas la fièvre en cassant le thermomètre, mais en s'attaquant aux vraies causes.




vendredi 9 mai 2025

Habemus papam, un peu d'humour (par Pascal Djimoguinan)

 Depuis le 09 mai 2025, l’Eglise universelle a un nouveau Pape. En effet, à peine 24h après qu’il se soit réuni, le Conclave des cardinaux a élu le successeur de François, décédé le 21 avril 2025 au Vatican.

Le nouveau Pape, américain d’origine (né à Chicago), de l’ordre des augustinien, a longtemps travaillé au Pérou avant d’être appelé par François à Rome. Il a pris le nom de Léon XIV.

La première référence visible est le dernier Pape portant le nom de Léon. C’était Léon XIII. Cette référence renvoie spontanément à l’encyclique « Rerum novarum », qui a inauguré la doctrine sociale de l’Eglise.

La première lecture, faite de ce choix du nom est que le nouveau Pape va beaucoup s’investir dans le social, et il y a des éléments qui viennent confirmer cela.

Bien que dans sa première prise de parole, il ait parlé plusieurs fois du Pape François, Léon XIV ne marque-t-il par une rupture avec lui. Beaucoup d’analyste pensent en effet que pour l’unité de l’Eglise, il fallait un peu de distance avec le Pape réformateur et qu’il fallait un peu de conservatisme.

Et si tout cela n’était qu’une lecture superficielle des événements ? Plusieurs éléments, pleins de touches humoristiques, nous font penser le contraire :

- Beaucoup de personnes ont soufflé quand ils ont remarqué que le nouveau Pape n’a pas pris le nom de François II. Mais on ne fait pas attention que l’actuel pape porte déjà ce prénom : Robert Francis Prevost. Très peu de papes ont gardé leur nom. L’actuel papa n’a pas dérogé à la règle en changeant de nom.

- Le nom de Léon. Il est normal de penser au précédent pape portant le même nom, Léon XIII, mais ne devrait-on s’arrêter qu’à lui ?

Si nous pouvions pousser l’humour plus loin, nous parlerions d’un autre Léon, bien connu, mais que personne ne semble évoquer. Cela peut nous ramener au XIIIème Siècle. Il s’agit du frère Léon, connu comme Léon d’Assise, ou Léon de Viterbe. Qui était-il ?

Le frère Léon était un des principaux compagnons de François d’Assise (le bien nommé) dont il a été le confesseur, le secrétaire, l’ami et le disciple favori.

Après la mort de François Léon devint le gardien du temple qui défendit la tradition chez les frères mineurs, au point de s’opposer au ministre général de l’Ordre des frères mineurs.

On ne peut donc pas dire que le rapport du nom du nouveau Pape avec le frère Léon est fortuit et qu’il ne faut s’arrêter qu’à Léon XIII.

Nous pouvons dire que le choix du nom est un clin d’œil au Pape François dont l’esprit continuera son travail dans l’Eglise.